Mixed-ish

Avis sur une série

Avertissement:

  1. Spoiler Alert, attetion je révèle beaucoup de choses sur les 2 premiers épisodes de la série! Si vous ne l’avez pas vu et que vous ne voulez pas vous faire spoiler, allez regarder ces épisodes, sinon bonne lecture!
  2. Dans cet article le mot métisse désigne par défaut une personne issu de l’union entre une personne blanche et noire sauf mention du contraire. C’est un raccourci que je me permets tout en sachant qu’il y a des métisses asiatique-blanc, arabe-noir et j’en passe.

J’ai regardé les 2 premiers épisodes de la série Mixed-ish (spin off de la série Black-ish) et j’ai adoré. La série met en scène Rainbow, surnommée Bow, qui a grandi dans les années 80. Le problème c’est qu’elle est métisse, en effet son père est blanc et sa mère est noire. A cause de ce métissage elle, son frère et sa sœur vont faire face à un tas de situations problématiques, notamment dans le premier épisode où ils vont se sentir obligés choisir un côté (noir ou blanc) sous peine d’être complètement exclus par leurs camarades. Sont-ils noirs ou blancs? Malheureusement l’entre deux, particulièrement à cette époque ça n’existe pas.

Voici les raisons pour lesquelles j’ai aimé cette série. Commençons avec le premier épisode. Cet épisode montre vraiment que l’éthnicité (ou « race » en anglais) est une construction sociale. Alors je ne suis pas sociologue, même si je m’intéresse un peu à la sociologie mais avant ses 12 ans Bow et sa famille vivaient dans une communauté qualifiée de secte où la couleur de peau, le genre etc. n’avaient pas d’importance, tout se partageait, tout le monde était sur un pied d’égalité. Alors oui c’est un peu un monde idéal, une utopie mais c’est intéressant de voir une sorte d’illustration d’une telle société et de la confronter à la nôtre. On comprend plus facilement le fait que Bow ne veuille pas choisir un côté, pourquoi faire ? Elle est à la fois blanche et noire, c’est tout. Malheureusement la société est faite de telle sorte que les groupes sociaux auxquels tu peux appartenir sont construits autour de l’éthnicité, du genre et autres. Si quelqu’un ne veut faire partie d’aucun de ces groupes, c’est un paria. Faire partie de la société c’est faire partie de l’un de ces groupes, mais cette appartenance signifie renoncer à une partie de son identité. Au contraire dans la « commune » (la secte dont ils faisaient partie) tout le monde appartenait au groupe sans nécessairement devoir se définir en tant qu’homme ou femme, blanc ou noir. Ils faisaient partie de la société dans leur entièreté, sans devoir cacher, négliger, abandonner une partie de leur identité.

Une autre norme sociale est aussi mise en évidence ici, c’est la « one-drop rule », littéralement « la règle de la goutte » qui dans le code noir dit qu’à partir du moment où tu as une goutte de sang noir alors tu es noir, c’est-à-dire que si l’un de tes ancêtres est noir et tous les autres sont blancs alors tu es forcément noir. Dans la réalité, ça se traduit par si tu es métisse blanc-noir alors tu es noir un point c’est tout. Alors que pas forcément. Certes il est vrai qu’en général les métisses sont plus souvent acceptés dans la communauté noire ce qui ne signifie pas pour autant qu’ils se considèrent comme tels. Honnêtement je pense également que c’est dû à une histoire de dominant-dominé qui ici se traduit par un rapport blanc/non-blanc. En clair je pense que dans la société, à partir du moment où tu as une caractéristique physique qui n’est pas considérée comme « blanche », on te met dans la case « non-blanc » et pour les métisses on va encore plus loin en disant qu’ils sont carrément noirs. Après je ne sais comment ça se passe exactement pour des métisses blanc-asiatique, blanc-arabe ou toute autre métisse blanc et autre chose.

J’ai également aimé voir la détresse des parents de Bow. Le père est blanc, la mère est noire et comme tous parents ils veulent que leurs enfants se sentent bien. Seulement, ils ne savent comment réagir, quoi leur dire exactement parce qu’eux-mêmes ne savent pas ce que c’est d’être métisse. Ils leur parlent du racisme, des différences entre être blanc ou noir, en tout cas de ce que ça veut dire pour la plupart des gens qui les entourent. Cependant dans la quête identitaire des enfants et dans leur construction ils sont totalement livrés à eux-mêmes, pas de modèle, pas de personnes comme eux, ils doivent essayer de trouver leur place dans un monde qui ne leur en donne pas, qui ne les reconnait pas et qui ne veut pas d’eux. Bow souligne qu’aujourd’hui c’est plus simple, il y a beaucoup plus de métisses.

Ce qui m’amène à parler des sujets traités dans le 2e épisode. La différence est l’un d’entre eux. Parce qu’être métisse c’est être different et comme dit plus tôt être différent ce n’est pas accepté. Tout ce qu’on ne connait pas, qui nous est inconnu, on en a peur ou pas mais instinctivement on ne l’accepte pas. Ça n’est pas uniquement lié au genre, l’ethnicité, la sexualité mais aussi aux comportements. Par exemple, la fille avec qui Bow se lie d’amitié est rejetée parce que son déjeuner est bizarre et également à cause de la façon dont elle s’habille. Ça me fait penser à quand j’étais petite, il y avait des gens du voyage qui venaient dans mon école pour quelques semaines, ils venaient assez souvent, au moins 2 fois par an. Malheureusement une année ils ont été victimes d’insultes de la part d’autres élèves, ils ont répondu et les choses se sont envenimées. J’ai été vraiment attristée par cet incident, juste parce qu’ils ne vivent pas comme la plupart des gens, on les rejette. Les gens ne veulent pas essayer d’en savoir plus, ils restent dans leur ignorance et rejettent la différence.  

Être différent en 1985 c’était assez compliqué car comme le dit Bow, le monde était très binaire, c’est pour ça que les choses étaient aussi « simples ». La binarité elle est dans le genre mais pas que, blanc ou noir, sportif ou intello. Le monde, notre identité ce n’est pas juste cocher une case ou l’autre, parfois on coche les deux, parfois on en coche aucune ou sinon on crée notre propre case. Bref tout ça pour dire qu’il y a une multitude, une infinité de nuances, un arc-en-ciel quoi !

Décidemment en 2 épisodes ils en ont évoqué des sujets ! Celui dont je veux parler maintenant c’est l’égalité homme-femme ou plutôt la place de l’homme et de la femme dans la société. Le père de Bow qui déteste la société telle qu’elle est, refuse de travailler alors que sa femme plus pragmatique décide de mettre de côté quelques-unes de ses convictions et accepte de travailler en tant qu’avocate (je crois). Ils décident alors d’un commun accord que le mari restera à la maison pour garder les enfants et s’occuper d’eux, être un homme au foyer quoi. Le problème c’est qu’en 1985 (et encore aujourd’hui pour être honnête) ce n’est pas très commun. Et bizarrement les premiers à se moquer ce ne sont pas les hommes mais les femmes. Dans leur logique d’égalité de la « commune », l’homme est l’égal de la femme, il n’y a pas de « les femmes c’est fait pour ci et les hommes pour ça ». Peu importe si c’est la femme qui ramène l’argent. On voit également que le travail domestique est très important pour disons l’équilibre familial mais qu’il est encore et toujours dévalorisé : « T’as juste fait le dîner » disait Bow à son père. « Juste » comme s’il n’avait rien fait de bon même si à la fin elle admet que son père l’a aidé à changer le monde, juste en étant là pour elle.

Tout comme être un homme blanc au foyer n’est pas commun pour la société américaine des années 80, être une femme noire qui travaille dans un autre domaine que celui de la cuisine ou du ménage est assez inhabituel malgré la discrimination positive mise en place dans les années 60. La place de la femme noire dans le monde du travail était assez compliquée à l’époque (l’est un peu moins aujourd’hui mais bon). La mère de Bow doit travailler deux fois plus que ces collègues pour obtenir un semblant de reconnaissance de leur part. Tout le monde pense qu’elle est là pour les mauvaises raisons à savoir remplir les quotas peu importe ses qualifications alors que les compétences elle les a. On ne l’avertit même pas lorsqu’il y a une réunion, après tout elle n’est pas compétente, pas vrai ? Je sais que le monde du travail a évolué, s’est amélioré, il n’en reste pas moins qu’il y a toujours des discriminations, toujours des inégalités salariales et que les femmes doivent travailler beaucoup plus que les hommes pour obtenir la même reconnaissance et encore, on les déteste lorsqu’elles réussissent au travail !

Enfin je vais terminer sur je l’espère une note positive. Je n’ai pas arrêté de dire que les choses avaient changé mais que c’est toujours un peu pareil quand même. Heureusement quand j’entends les remarques racistes du grand-père de Bow je me dis « Dieu merci les choses ont changé ». Je n’aurais pas supporté des remarques pareilles et aujourd’hui quelqu’un qui dit ce genre de choses se ferait sûrement lyncher in real life et sur les réseaux sociaux ! Beaucoup de personnes disent que c’était mieux avant, qu’aujourd’hui on est trop politiquement correct. Non c’est juste qu’avant les dominés parce qu’ils étaient dominés ne pouvaient pas dire stop. Aujourd’hui on peut et on est, je l’espère, de moins et moins dans cette relation de dominé/dominant ! Après je ne dis pas que tout est merveilleux maintenant et tout était horrible avant, il y avait de bonnes choses comme des mauvaises avant et c’est la même chose pour maintenant. Il faut arrêter de dire c’était mieux avant ou c’est mieux aujourd’hui, il faut voir le positif et le négatif du temps présent, apprendre de nos erreurs passées pour construire un futur avec plus de positivité ! C’est tellement bateau mais c’est beau !

Et pour finir j’aime beaucoup cette série car elle me fait penser à mes grands-parents qui se sont mariés dans la fin des années 50. Il était blanc, elle est noire et malgré le racisme et la haine ils se sont aimés, ils ont eu 6 enfants métisses, les ont élevés avec amour. Pareil pour mes arrière-grands-parents mariés dans les années 30 (je crois), lui était noir, elle était blanche et même si j’imagine qu’ils se sentaient tous les deux guadeloupéens, à l’époque les gens ne voyaient qu’un noir et une blanche. Sans ces personnes qui s’aimaient malgré tout je ne serais pas là aujourd’hui à écrire cet article.  

Recommandations

Bien-sûr je vous recommande de regarder la série, en tout cas les épisodes qui sont déjà sortis. Si vous voulez, vous pouvez regarder aussi la série Black-ish qui est assez sympa et parle de sujets intéressants. Si vous êtes intéressé(e) par des sujets sur le racisme et l’identité je vous conseille de lire un autre article de ma plume: Je ne suis pas noire. Enfin petit message d’amour et de paix avec cette chanson d’Alicia Keys appelée « Holy War ». Elle parle du fait qu’à la place de se diviser et de vouloir partir en « guerre sainte » les uns contre les autres, on devrait s’aider et s’aimer!

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s